Page:Darwin (trad. Barbier) — Les plantes insectivores, 1877.pdf/326

Cette page a été validée par deux contributeurs.
304
DROSERA ROTUNDIFOLIA.

qui le fait s’infléchir, mais elle transmet aussi une impulsion aux tentacules environnants qui s’infléchissent également ; la partie flexible d’un tentacule peut donc être appelée au mouvement par une impulsion reçue de directions opposées, c’est-à-dire d’une impulsion partant de la glande qui la surmonte ou partant d’une ou de plusieurs glandes surmontant les tentacules qui l’environnent. Au bout d’un certain temps, les tentacules infléchis se redressent et, pendant ce redressement, les glandes sécrètent moins abondamment ou se dessèchent même tout à fait. Dès que les glandes recommencent à sécréter, les tentacules sont prêts à agir de nouveau. Ces mouvements peuvent se répéter au moins trois fois et probablement un bien plus grand nombre de fois.

J’ai démontré dans le second chapitre que les matières animales placées sur le disque provoquent une inflexion beaucoup plus prompte et beaucoup plus énergique que des corps inorganiques ayant le même volume, ou que la simple irritation mécanique. Toutefois, il y a une différence encore plus marquée dans le laps de temps très-notable pendant lequel les tentacules restent infléchis sur des matières contenant des substances solubles et nutritives que sur celles qui n’en contiennent pas. Des parcelles extrêmement petites de verre, de charbon, de cheveux, de fil, de craie, etc., placées sur les glandes des tentacules extérieurs provoquent l’inflexion de ces tentacules. Une parcelle ne produit aucun effet, à moins qu’elle ne pénètre la sécrétion et qu’elle ne touche par un point la surface même de la glande. Un petit morceau de cheveu humain très-fin, ayant 8/1000 de pouce (0,203 de millim.) de longueur et pesant seulement 1/78740 de grain (0,000822 de milligr.), bien que supporté en grande partie par la sécrétion visqueuse, suffit pour provoquer l’inflexion d’un tentacule. Il n’est pas probable que la pression, dans ce cas, soit équivalente à celle d’un millionième de grain. Des parcelles