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DROSERA ROTUNDIFOLIA.

c’est-à-dire que la cellule entière y compris les parois se contracte énergiquement. Si les parois se composent uniquement de cellulose non azotée, cette hypothèse est très-improbable ; mais on peut à peine douter que ces parois ne soient pénétrées par des matières protéïques, tout au moins pendant la croissance. Il ne semble d’ailleurs y avoir aucune improbabilité absolue à ce que les parois des cellules du Drosera se contractent, si l’on considère la perfection de leur organisation prouvée par la faculté qu’ont les glandes d’absorber et de sécréter, et par leur sensibilité exquise à la pression des corps les plus légers. Les parois des cellules des pédicelles sont aptes aussi à recevoir et à transmettre diverses impulsions qui se traduisent par le mouvement et par une augmentation de sécrétion ou d’agrégation. En résumé, l’hypothèse que les parois de certaines cellules se contractent et chassent, pendant cette contraction, une partie du liquide qu’elles contiennent, est peut-être, de toutes, celle qui concorde le mieux avec les faits observés. Si l’on rejette cette hypothèse, il faut accepter comme la plus probable celle qui veut que le liquide contenu dans les cellules diminue de volume par suite d’une modification de son état moléculaire et du rétrécissement des parois qui en est la conséquence. En tout cas, il est difficile d’attribuer le mouvement à l’élasticité des parois combinée à une tension antécédente.

Quant à la nature de l’impulsion motrice qui part des glandes pour descendre jusqu’à la base des pédicelles et qui rayonne à travers le disque, il ne paraît pas improbable qu’elle est étroitement liée à cette influence qui provoque l’agrégation du protoplasma dans les cellules des glandes ou des tentacules. Nous avons vu que ces deux forces prennent leur origine dans les glandes, qu’elles partent toutes deux de ces glandes à quelques secondes d’intervalle et qu’elles sont provoquées par les mêmes