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TRANSMISSION DE L’IMPULSION.

glandes touchent enfin la viande et absorbent les matières qu’elles contient, ces tentacules ne transmettent aucune impulsion motrice aux rangées extérieures de tentacules situées du même côté, car ils ne s’infléchissent jamais. Or, si on avait placé de la viande sur les glandes de ces mêmes tentacules avant qu’ils aient commencé à déverser des sécrétions abondantes et à absorber les matières azotées de la viande, ils auraient certainement transmis une impulsion aux rangées extérieures. Néanmoins, quand je plaçai du phosphate de chaux, qui est un stimulant très-puissant, sur quelques tentacules sous-marginaux, déjà considérablement infléchis, mais qui ne se trouvaient pas encore en contact avec du phosphate, placé précédemment sur deux glandes au centre du disque, les tentacules extérieurs situés du même côté se trouvaient affectés.

Dès qu’une glande est excitée, l’impulsion motrice se décharge en quelques secondes, ce que prouve l’inflexion du tentacule ; cette première décharge paraît s’effectuer avec beaucoup plus de vigueur que celles qui viennent ensuite. Ainsi, dans l’exemple que nous avons rapporté ci-dessus d’une petite mouche capturée naturellement par quelques glandes situées d’un côté d’une feuille, l’impulsion partie de ces glandes s’est lentement transmise à travers toute la largeur de la feuille et a provoqué une inflexion temporaire chez les tentacules situés de l’autre côté ; mais, bien que les glandes qui restaient en contact avec l’insecte aient continué pendant plusieurs jours à communiquer une impulsion à la partie mobile de leurs propres pédicelles, cette impulsion n’a pas empêché les tentacules situés du côté opposé de la feuille de se redresser rapidement ; on peut conclure de ce fait que l’impulsion a dû être d’abord plus énergique qu’elle n’a été ensuite.

Quand on place un objet quelconque sur le disque et que les tentacules environnants s’infléchissent, leurs glan-