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EFFETS PRODUITS PAR DIVERSES SUBSTANCES.

jusqu’à ce qu’un temps considérable se soit écoulé. On croit généralement que ces vapeurs agissent sur les plantes et sur les animaux en arrêtant l’oxydation.

Le séjour d’une plante dans l’acide carbonique pendant deux heures, et, dans un cas, pendant quarante-cinq minutes seulement, a rendu aussi les glandes insensibles à l’action stimulante de la viande crue pendant un certain laps de temps. Toutefois, les feuilles ont recouvré toutes leurs facultés, et ne semblaient plus indisposées après un séjour de vingt-quatre à quarante-huit heures dans l’air pur. Nous avons vu, dans le troisième chapitre, que l’agrégation se trouve très-retardée chez les feuilles soumises pendant deux heures à l’action de ce gaz et plongées ensuite dans une solution de carbonate d’ammoniaque, de sorte qu’il s’écoule un temps considérable avant l’agrégation du protoplasma des cellules inférieures des tentacules. Dans quelques cas, les tentacules se sont mis spontanément en mouvement, peu de temps après que les feuilles ont été sorties du réceptacle contenant le gaz et ont été exposées à l’air libre ; ce mouvement est dû, je pense, à l’irritation produite par l’action de l’oxygène. Toutefois, ces tentacules infléchis restent ensuite pendant quelque temps insensibles à une nouvelle irritation exercée sur les glandes. On sait que, chez d’autres plantes irritables, l’exclusion de l’oxygène empêche toute espèce de mouvement et arrête la circulation du protoplasma dans les cellules[1] ; cependant, cet arrêt de mouvement est un phénomène qui diffère beaucoup du retard apporté à l’agrégation dans les conditions que nous venons d’indiquer. Or, je ne saurais dire s’il faut attribuer ce dernier fait à l’action directe de l’acide carbonique ou à l’exclusion de l’oxygène.

  1. Sachs, Traité de Bot., 1874, p. 846, 1037.