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DROSERA ROTUNDIFOLIA.

du tout. Toutefois, nous pouvons conclure du laps de temps pendant lequel les tentacules étaient restés infléchis, du changement de couleur qui s’était produit dans quelques glandes, de l’état maladif de quelques autres, qu’elles avaient absorbé certaines substances constitutives du fromage.

Légumine. — Je ne pus me procurer cette substance à l’état isolé ; toutefois, on ne peut guère douter qu’elle se digérerait facilement si l’on en juge par l’effet puissant produit par des gouttes d’une décoction de pois verts, comme nous l’avons indiqué dans le chapitre précédent. Je plaçai sur deux feuilles des tranches minces de pois secs que j’avais fait baigner dans l’eau ; ces feuilles s’infléchirent quelque peu au bout d’une heure et très-fortement au bout de 21 heures. Elles se redressèrent au bout de trois ou quatre jours. Les tranches ne furent pas liquéfiées, car la sécrétion n’a pas la moindre action sur les parois des cellules composées de cellulose.

Pollen. — Je plaçai sur le limbe de cinq feuilles un peu de pollen frais pris sur des pois communs ; ces feuilles s’infléchirent bientôt complètement et restèrent en cet état pendant deux ou trois jours.

Au bout de ce temps j’enlevai les grains de pollen et je les examinai au microscope ; ils avaient perdu leur couleur et les globules huileux qu’ils contiennent s’étaient remarquablement agglutinés ; le contenu de beaucoup de ces grains s’était considérablement affaissé et quelques-uns étaient presque vides. Dans quelques cas seulement les tubes de pollen s’étaient vidés. On ne peut douter que la sécrétion n’ait pénétré à travers le revêtement extérieur des grains et digéré une partie de leur contenu. Le même phénomène doit se produire avec le suc gastrique des insectes qui se