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DROSERA ROTUNDIFOLIA.

parées à une petite goutte de lait écrémé coagulé au moyen de l’acide acétique, je me suis aperçu qu’elles consistent exclusivement en globules huileux plus ou moins agrégés les uns avec les autres, mais sans qu’il y ait la moindre trace de caséine. Peu familier avec l’aspect microscopique du lait, je demandai au Dr Lauder Brunton d’examiner ces résidus ; il expérimenta sur les globules avec de l’éther et obtint une dissolution presque immédiate. Nous pouvons donc conclure que la sécrétion dissout rapidement la caséine dans l’état où elle se trouve dans le lait.

Caséine préparée chimiquement. Beaucoup de chimistes supposent que cette substance, insoluble dans l’eau, diffère de la caséine qui se trouve dans le lait frais. Je me procurai, chez MM. Hopkins et Williams, des globules très-durs de caséine préparée chimiquement, et je m’en servis pour de nombreuses expériences. Des petites parcelles de ces globules, ou ces globules réduits en poudre, à l’état sec ou humectés d’eau font infléchir très-lentement, le plus ordinairement au bout de deux jours seulement, les feuilles sur lesquelles on les place. D’autres parcelles humectées d’acide chlorhydrique étendu (1 partie d’acide pour 437 parties d’eau) aussi bien que de la caséine préparée par le Dr Moore immédiatement avant mes expériences, agirent au bout d’un seul jour. Les tentacules restent ordinairement infléchis sept à neuf jours, et, pendant tout ce temps, la sécrétion est fortement acide. Un peu de sécrétion restant sur le limbe d’une feuille qui s’était complétement redressée était encore fortement acide au bout de onze jours. L’acide semble se produire rapidement, car, dans un cas, la sécrétion des glandes du disque saupoudrée avec un peu de caséine affecta la couleur du papier de tournesol avant qu’aucun des tentacules extérieurs ne se fût infléchi.

Je plaçai sur deux feuilles des petits cubes de caséine