Page:Darwin (trad. Barbier) — Les plantes insectivores, 1877.pdf/11

Cette page a été validée par deux contributeurs.

taires et inutiles à l’être organisé qui les possède. On est, par conséquent, en droit de se demander s’il n’existe pas des fonctions dans le même cas ; si ces captures d’insectes, la dissolution et l’absorption de leurs parties molles par les feuilles de la plante ne seraient pas un mode d’assimilation sinon anormal, du moins accidentel, comparable à l’absorption de substances actives par la peau chez les animaux supérieurs. On peut écartant toute idée de finalité, aller encore plus loin ; en effet, cette absorption de matériaux qui, d’après certains observateurs, ne contribuent en rien à l’alimentation du végétal, ne serait-elle pas l’ébauche d’une fonction sans profit pour lui, mais qui déjà dans les animaux inférieurs les plus rapprochés des végétaux immobiles comme eux, tels que les Polypes, les Coraux, les Actinies, devient la fonction nutritive principale. Nulle chez les végétaux qui absorbent par leurs racines l’eau chargée de principes nutritifs et par leurs feuilles les gaz qui composent l’air atmosphérique, cette fonction devient le principal et le seul mode de nutrition chez les animaux inférieurs fixés sur des pierres, dépourvus de racines absorbantes, mais qui capturent aussi des animalcules vivants au moyen de tentacules mobiles, les digèrent, les absorbent, se les assimilent et s’en nourrissent exclusivement. L’avenir décidera cette question.

Jetons un rapide coup d’œil sur les publications de M. Darwin, pour montrer par quels travaux aussi nombreux que variés il s’était préparé aux grandes généralisations qui ont illustré son nom.