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l’intelligence qui connaît toutes choses et c’est à lui que le sage s’adresse pour pénétrer les mystères du monde :

« Révèle-moi la vérité, ô Ahura ! Comment a commencé la bonne création ?

« Quel est le père qui, au début des temps, a engendré l’Ordre ?

« Qui a frayé leur route au soleil et à l’étoile ? Qui fait que la lune croît et décroît ? De toi, ô Ahura, je veux apprendre ces choses et d’autres encore.

« Qui a fixé la terre sans support, l’affermissant contre la chute ? Qui, les eaux et les arbres ? Qui a donné leur course rapide aux vents et aux nuées ?

« Quel artiste habile a fait la lumière et les ténèbres ? Quel artiste habile a fait le sommeil et la veille ? Par qui vont l’aurore, le midi et la nuit ?

« Qui a rendu le fils cher à son père pour qu’il l’élève ?

« Voilà les choses que je veux te demander, ô Mazda, ô bienfaisant esprit, ô créateur de toutes choses ![1] »

Par cette omniscience, il embrasse tous les actes des hommes. Il surveille toutes choses, voit au loin ; sans sommeil, sans ivresse, il est l’infaillible ; « il n’y a pas à le tromper, l’Ahura qui connaît toutes choses. » Il voit l’homme et le juge, et le frappe s’il n’a pas suivi sa loi. Car c’est de lui qu’est descendue la loi de l’homme comme la loi du monde, et de lui vient, entre toutes les sciences, la science suprême, celle du devoir, celle des choses qu’il faut penser, dire et faire et celle des choses qu’il ne faut penser, dire, ni faire. À qui a bien prié, bien pensé, parlé et agi, il ouvre son éclatant paradis ; à qui a mal prié, pensé, parlé et agi, son horrifique enfer.

  1. Yasna, 43, 2 seq.