Page:Darmesteter - Essais orientaux.djvu/125

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

viçva-vedas. C’est le sage à la sagesse suprême en qui toutes les sciences ont leur centre : quand le poète veut exalter la science d’un dieu, il la compare à celle de Varuna[1]. « Il sait la place des oiseaux qui volent dans l’atmosphère, il sait les vaisseaux sur l’Océan. Il sait les douze mois et ce qu’il font naître, il sait toute créature qui naît. Il sait la voie du vent sublime dans les hauteurs, il sait qui s’assied au sacrifice. Le dieu aux lois stables, Varuna, a pris place dans son palais pour être roi universel, dieu à la belle intelligence. De là, suivant de la pensée toutes ces merveilles, il regarde à l’entour ce qui s’est fait et ce qui se fera[2]. »

Témoin universel, il est le juge universel, juge infaillible, à qui rien n’échappe : point ne le trompe qui veut le tromper. Il voit d’en haut le mal qui se commet ici-bas et le frappe : il a des liens septuples dont il enlace celui qui ment, par trois fois, par le haut, par le milieu, par la bas du corps. L’homme tombé sous l’étreinte du malheur implore sa pitié, se devine criminel et sent dans cette main qui frappe une main qui châtie :

« Je t’interroge, ô Varuna, désirant connaître ma faute : je viens à toi, t’interroger, toi qui connais.

« Tous d’accord les sages m’ont dit : C’est Varuna qui contre toi est irrité.

« Quel si grand crime ai-je commis, ô Varuna, que tu veux tuer ton ami, ton chantre ? Dis-le moi, ô Seigneur, ô infaillible, pour qu’aussitôt je porte à tes pieds mon hommage.

« Dégage-moi du lien de mon crime ; ne tranche pas le

  1. Agni avec son regard connaît toutes choses comme Varuna, R V. X, 11, 1.
  2. RV., I, 25, 7.