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« Certes, admirables de grandeur sont les œuvres qui viennent de lui, lui qui a séparé et fixé les deux mondes[1] sur toute leur étendue, lui quia mis en branle le haut, le sublime firmament, qui a étendu là haut le ciel, ici la terre[2].

« Ce ciel et cette terre qui au loin s’étendent, ruisselants de lait, si beaux de forme, c’est par la loi de Varuna qu’ils se tiennent fixes l’un en face de l’autre, êtres immortels à la riche semence[3].

« Il a étayé le ciel, cet Asura[4] qui connaît toutes choses, il a donné sa mesure à la largeur de la terre ; il trône sur tous les mondes, roi universel ; toutes ces lois du monde sont lois de Varuna[5].

« Dans l’abîme sans base le roi Varuna a dressé la cime de l’arbre céleste[6]. C’est le roi Varuna qui a frayé au soleil le large chemin qu’il doit suivre ; aux êtres sans pieds il a fait des pieds pour qu’ils courent.

« Ces étoiles placées au front de la nuit qu’elles éclairent, où sont elles allées pendant le jour ? Infaillibles sont les lois de Varuna : la lune s’allume et va dans la nuit[7].

« Varuna a frayé des routes au soleil : il a jeté en avant les torrents fluctueux des rivières. Il a creusé de larges lits et rapides, où se déroulent en ordre les flots déchaînés des journées[8].

« Il a mis la force dans le cheval, le lait dans la vache,

  1. Le ciel et la terre.
  2. Rig Veda, VII, 86, 1.
  3. RV., VI, 70, 1.
  4. Asura, le Seigneur.
  5. RV., 8, 42, 1.
  6. La nuée, souvent comparée à un arbre qui se ramifie dans le ciel.
  7. R V., I, 24, 7, 8, 10.
  8. R V., VII, 87, 1.