Page:Darmesteter - Essais orientaux.djvu/121

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de la justice, de Diké, la vierge terrible « qui souffle sur le crime la colère et la mort[1] ; » c’est lui qui « de l’enfer fait monter contre le mortel audacieux et pervers la vengeance aux tardifs châtiments[2]. » Avant Eschyle, Terpandre proclame en Zeus le principe de toute chose, le dieu qui conduit toute chose[3] ; Archiloque chante en Zeus père, le dieu qui gouverne le ciel, qui surveille les actions coupables et injustes des hommes, qui tire châtiment et vengeance des monstres, et aussi le dieu qui a fait le ciel et la terre[4]. Le vieillard d’Ascra sait que Zeus est le père des dieux et des hommes, que son regard voit et comprend tout être et saisit tout ce qu’il lui plaît[5].

Enfin, d’aussi loin que le Panthéon grec paraît à la lumière de l’histoire, dès Homère, Zeus domine de toute sa hauteur le peuple de dieux qui l’entoure : lui-même proclame, et les dieux après lui, qu’entre tous les immortels il est en puissance et en force le plus grand sans conteste[6] ; les dieux devant ses ordres se courbent en silence ; qui d’entre eux lui désobéirait, il le lancerait dans le Tartare ténébreux, bien au loin, au plus profond des abîmes souterrains : seul contre tous, il les dompterait ; qu’ils laissent tomber du haut du ciel une chaîne d’or, qu’ils s’y suspendent, tous dieux et toutes déesses, ils seront impuissants, si fort qu’ils peinent à l’entraîner du ciel sur la terre, lui Zeus, souverain ; et s’il lui plait, à lui, il les entraînera avec la terre même, avec la mer même, et il attachera ensuite la chaîne à la crête de

  1. Choéphores, 379.
  2. Choéphores, 950.
  3. Ζεῦ πάντων ἀρχά, πάντων ἀγήτωρ. Ap. Clem. Alex. Strom., VI.
  4. Frag., XVII, ap. Gaisford.
  5. Travaux et jours, 265.
  6. Iliade, XV, 167.