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tactique s’infiltra lentement à Athènes, ensuite dans l’armée d’Alexandre le Grand et même dans l’armée perse des Achéménides. C’est sous l’influence des Parthes que les Romains commencèrent à s’assimiler cette tactique, dont l’adoption s’acheva presque simultanément chez les Sassanides et les Byzantins, aux VIe et VIIe siècles de notre ère. À ce moment-là les États en question admiraient sans réserves la tactique des archers cavaliers pour en tirer toutes les conséquences en vue de leur équipement et leur organisation militaires.

Parallèlement à l’adoption de la tactique des archers cavaliers, on constate une militarisation progressive de l’empire romain, d’une part, et de l’empire byzantin, d’autre part. Les bases de ce régime militaire furent créées, sous une forme parfaitement cristallisée, par l’empereur Héraclius, fondateur de l’organisation des thèmes qui, du VIIe au XIe siècle, marqua d’une empreinte profonde la pratique du gouvernement impérial byzantin. L’organisation des thèmes assurait la militarisation du régime gouvernemental par la concentration des pouvoirs de l’administration militaire et civile aux mains du commandant militaire (στρατηγός) ; pour réaliser la militarisation des sujets, l’organisation des thèmes prévoyait un vaste système de fiefs militaires. Comme j’ai exposé dans ma conférence faite au Congrès de Rome [1], on retrouve les antécédents sporadiques de ces deux branches de la militarisation à partir de l’époque de l’hellénisme dans l’Égypte des Ptolémées, dans la monarchie militaire d’Antigone et Lysimaque, chez les Séleucides, voire dans les premiers siècles du principat romain. Tous ces phénomènes avaient pourtant été non seulement sporadiques, mais encore temporaires et d’un caractère transitoire ; de temps à autre ils durent céder la place à des systèmes antimilitaristes. Cela vaut surtout pour l’époque des réformes de Dioclétien et de Constantin : elles comportaient une séparation nette de l’administration militaire d’avec l’administration civile et, grâce au rattachement de la plupart des « limitanei » à l’armée mobile, elles diminuaient considérablement le féodalisme militaire créé

  1. Cf. La militarizzazione dell’ Impero bizantino, dans Studi bizantini e neoellenici, t. V (1939), pp. 88-99.