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dans l’art militaire des peuples civilisés établis en Asie antérieure et en Europe. Cette tactique, fondée sur la mobilité et la surprise de l’ennemi, consistant dans la réunion du tir de l’arc à l’équitation, et dont les maîtres incomparables restaient ses fondateurs — les peuples appartenant à la sphère de civilisation touranienne — a relégué, au bout d’une rivalité âprement discutée, au second plan l’art militaire traditionnel des Perses, des Grecs et des Romains, à savoir la guerre de position et les armes d’une portée très limitée ; jusqu’à la fin de l’antiquité la tactique des cavaliers nomades a complètement transformé l’art militaire de ces grands porteurs de la civilisation. Grâce aux armes irrésistibles des Huns, des Scythes, des Parthes et des Avares, l’art militaire touranien fit une entrée triomphale en Europe et en Asie antérieure pour y devenir un facteur décisif de la vie des peuples. La nouvelle tactique qui résulta de cette transformation, conservera son prestige aussi pendant le moyen âge. En Europe orientale ce fut l’Empire byzantin qui s’assigna le but de suivre cette tactique, la mettant en pratique aussi fidèlement que ses moyens le lui permettaient. On observe une évolution analogue dans l’Empire romain d’Occident et dans l’art militaire de ses successeurs, les peuples celtiques et germaniques. Dans la première moitié du moyen âge les Celtes romanisés et les peuples germaniques s’assimilèrent, eux aussi, graduellement, mais d’un rythme moins rapide l’art militaire touranien qu’ils avaient connu tantôt par l’intermédiaire des Romains, tantôt par leur contact direct avec les Huns, les Avares et les Hongrois.

Comme j’ai dit plus haut, dès le milieu du IIIe millénaire avant notre ère on retrouve l’application de cette tactique chez les tribus des Huns (Hioung-nou) établis à proximité de la Chine, tribus contre lesquelles les Chinois combattaient à pied pendant 2000 ans environ. À partir du milieu du Ier millénaire av. J.-C., les Chinois se virent forcés d’adopter la tactique des archers cavaliers des Huns. C’est par suite de l’expansion des Huns vers l’ouest et le sud que cette manière de l’art militaire pénétra aussi bien chez les Scythes et les Parthes que chez d’autres peuples nomades vivant au nord du plateau d’Iran, où on la retrouve au cours du Ier millénaire av. J.-C. Pendant la guerre du Péloponnèse cette