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quadripartite constituait une coutume généralement répandue des Touraniens, il suffit de rappeler que l’empire des Turks d’Altaï était également divisé, au milieu du VIe siècle, en quatre principautés. Tous ces systèmes féodaux étaient caractérisés aussi par l’antagonisme qui y régnait entre le roi et les princes suzerains : le premier dépendait à bien des égards de ses propres sujets et avait à soutenir de rudes combats pour acquérir et garder le sceptre royal.

Il est évident qu’on ne pourrait nullement attribuer ces concordances à un simple jeu du hasard ; si l’on tient compte du fait que l’art militaire et d’autres particularités ethnographiques des Parthes sont étroitement apparentés à ceux des Huns, leurs voisins, et aux habitudes d’autres peuples touraniens, on est amené à discerner aussi dans le domaine de l’organisation d’État les traces d’une influence puissante. Pour en déterminer le pays d’origine, il suffit de tenir compte du fait qu’après une évolution plusieurs fois millénaire, l’empire asiatique des Huns était déjà à l’apogée de sa puissance, au moment où Arsace, se débarrassant du joug des Séleucides, fonda ce petit royaume de la Parthie indépendante qui ne devait devenir un grand État que quelques siècles plus tard. L’influence des Huns asiatiques sur les Parthes et par leur intermédiaire, sur les Sassanides peut donc être considérée comme un processus historique dûment démontré.

Nous tenons à observer que Rome et Byzance n’ont point adopté ce système d’origine hune des fiefs militaires dans une mesure aussi large que les Parthes et les Sassanides. Dans l’empire byzantin les grandes propriétés féodales n’étaient pas, dans la plupart des cas, d’origine militaire ; on ne pourrait expliquer par des initiatives de ce genre que les fiefs d’une extension plus réduite, notamment ceux qui se trouvaient dans l’organisation des limitanei et dans les thèmes créés par Héraclius. Dans ces derniers cas on reconnaît les modèles touraniens dans toute leur pureté : les possesseurs des fiefs militaires, loin d’être des contribuables, étaient soigneusement protégés contre toute tentative d’imposition : leur seule obligation consistait dans le service militaire. Rien de pareil chez les Sassanides où les fiefs analogues n’avaient point été exempts d’impôt. C’est précisément pourquoi les fiefs militaires ont prospéré beaucoup mieux et pendant plus longtemps