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pouvoir établi sur des données naturelles, indépendamment de tous dogmes, et tendant, par la simplification et l’équité de l’impôt, à la création de nations réelles. L’Église comprit que le danger qui la menaçait était plus grand encore que celui que la Réforme lui avait fait courir. L’application de l’impôt unique sur la valeur de la terre, c’était, à bref délai, la suppression de la propriété individuelle du sol ; c’était, par la destruction radicale de leur raison d’être, la suppression de toutes les complications et intrigues gouvernementales propices aux manœuvres qui ont pour but la spoliation des Pauvres, sous prétexte des nécessités de leur bien-être spirituel ; c’était l’Homme reprenant conscience de soi-même, en reprenant possession de la terre qui le portait, et trouvant sans doute dans la réalité de sa patrie d’ici-bas des raisons suffisantes de renoncer à sa patrie céleste ; c’était la base matérielle de l’Église, la seule possible, attaquée de tous côtés par le pic et par la mine. Rome se sentit en grand péril. La Compagnie de Jésus, jadis, avait sauvé le catholicisme ; elle le sauva peut-être une seconde fois.

Quoi qu’il en soit, tout annonçait qu’une nouvelle ère allait s’ouvrir. Les signes étaient trop certains pour qu’on pût s’y tromper ; il était absolument impossible d’éviter une transformation. Mais, à la Physiocratie, qui devait affranchir l’humanité, on pouvait parvenir à substituer la Démocratie, qui pouvait l’asservir pour un temps. Le métal en fusion était là, prêt à être jeté dans un moule ; le creuset égalitaire, tout préparé, fut brisé par Rome, qui le remplaça par l’abominable matrice constitutionnelle.

Rome, donc, résolut d’agir. Il lui fallait non seulement — question de vie ou de mort — défendre sa position, mais reconquérir le terrain perdu, et même faire de nouvelles conquêtes. La réussite n’était pas certaine, et les précédents récents n’étaient guère encourageants. On avait lutté, sans grand succès, contre le schisme mort-né et contre l’irréligion robuste. Rome, qui n’avait dû qu’à la puissance royale mise à son service et à l’impopularité