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fes du Passé, au milieu de tout ce fer, vieilles chaînes, antiques carcans de toutes les servitudes, qu’avait fondu et forgé à nouveau le Présent conscient de lui-même — c’était le déroulement des saturnales abjectes, les spectacles ridicules et dégradants, les mille manifestations de la gaîté bête et servile, et bête, bête, et vieille, vieille. La danse du ventre, et rien d’autre.

L’impression que donne l’Exposition de 1900 est tout à fait différente. L’architecture qui avait tenté d’indiquer, avec du métal, les profondes préoccupations du monde, qui avait créé la solide et légère armature d’une existence non pas rajeunie, mais jeune, a complètement disparu. Elle a été remplacée par l’architecture du plâtras, de la fange crépie, de l’ordure peinte ; par l’architecture de la foire d’empoigne et du tohu-bohu. Toutes les antiques saletés empilées les unes sur les autres, se coudoyant, se bousculant, s’éborgnant, les arceaux, les clochetons, les gargouilles, les tours, les tourelles, les poutres, les poutrelles, les balcons, les clochers, les minarets, les dômes, les créneaux et les mâchicoulis, les reconstitutions, les reproductions, les abominations, les copies, la gélatine, le nougat et le fromage mou, les palais, les lupanars, les églises, les tavernes et les geôles présentent, sous l’uniformité d’un inhumain badigeon, toute l’horreur de leur écœurante et niaise banalité. C’est une parade ; c’est une mascarade ; c’est une foirade. C’est l’architecture de la chlorose. C’est le style de la danse du ventre.

Les palais, bâtis avec des gravats, du plâtre, de la crotte, du fil de fer, du zinc et de la colle de poisson, affichent des arrogances inquiètes de parvenus, un manque de goût et même un manque de tact qui déconcertent. On dirait que le goût français, qui agonise, — qui crève d’avoir essayé de vivre, le malheureux, aux crochets de cette vieille gaupe, la bourgeoisie, — a voulu se moquer de lui-même, avant de mourir, et vomir dans un dernier hoquet tout le blanc qu’on lui a fait bouffer. C’est le style de la Danse du Ventre. Mais, derrière ces façades peintes, fardées, maquillées, truquées ainsi que des figures de vieilles gueuses, il