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palliatif hypocrite de l’Inégalité ; par conséquent, elle maintient — et peut-être crée — l’Inégalité, qui est la source et la somme de toutes les injustices. Elle donne à l’Inégalité la base la plus terrible et la plus sotte : le mépris ; cela, en établissant un hideux simulacre d’Égalité sur la Peine, le Châtiment. Elle n’a jamais poussé l’homme qu’à la servitude ; elle ne peut être qu’un appeau dans les mains des tyrans. Elle considère, discute, calcule, tient compte, pèse, classifie, hiérarchise. C’est une ordure. Plus elle s’humanise, devient ouverte, intelligente, plus elle diminue, s’abaisse, s’enlise et disparaît dans une fondrière d’imbécillité. C’est une ânerie. La Justice, c’est l’ignoble, pédantesque et cruelle contrefaçon d’une chose très simple et très haute : l’Hygiène.

On ne saurait trop répéter que ce qu’on appelle le Système capitaliste n’est pas un système ; mais simplement un échafaudage branlant de matériaux hétéroclites, auquel servent d’assise les gravats des vieux systèmes démolis et qu’étayent les croix du christianisme, ces arcs-boutants de toutes les infamies. Il n’y a pas plus de système capitaliste qu’il n’y a, à proprement parler, de parti socialiste ; un parti ne pouvant exister que pour l’action, et par des actes ; tout groupement, quelle que soit son importance, qui n’agit pas et qui ne prend pas l’offensive, est un troupeau, un ramassis, quelque chose comme ça, mais pas un parti. Le système capitaliste se laisse vivre ; le parti socialiste se laisse vivre. Ils se laissent donc vivre réciproquement ; voilà toute la situation. Le conflit entre la bourgeoisie et le socialisme à formules se résume en un semblant de lutte entre des gens qui ont fini de comprendre et d’autres qui ne comprennent pas encore. Du chiqué. Le Socialisme « scientifique » n’a rien fait, ne fait rien, ne fera rien. Il serait temps que les sans-culottes, s’il en reste et s’ils ne se sont pas encore taillé des pantalons dans le linceul des grands principes, jettent pour de bon le caleçon aux amateurs de la bourgeoisie. La lutte entre le Tiers-État et le Quatrième-État n’est pas une lutte à mains plates ; c’est un concours de pieds-plats.