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ou même (car la forte expression populaire exprime mieux l’intention de cette loi), au rang d’outil de besoin, la Française prend sa revanche comme elle peut. Cette revanche peut coûter cher à une nation ; la situation générale de la France le prouve.

À part de rares exceptions, les femmes riches, les femmes de la bourgeoisie, se soumettent par calcul à l’influence de l’Église et en assurent la puissance. Elles travaillent ardemment à maintenir la France sous le joug de Rome et à préparer des générations de fonctionnaires civils et militaires qui retiendront à perpétuité les Pauvres dans l’ordure qu’on appelle le devoir. On sait, par exemple, que les établissements d’enseignement secondaire dirigés par des ecclésiastiques reçoivent un nombre d’élèves supérieur à celui des élèves des établissements similaires dirigés par l’État. Ces femmes de la bourgeoisie, qui ne sont pas libres, prennent donc la liberté de livrer la France à l’Église ; et les Français, qui sont libres, déplorent le fait, mais n’y peuvent rien.

Le rôle joué par les femmes qui appartiennent aux classes dirigées n’est que rarement moins misérable et moins néfaste que celui que jouent les femmes des classes dirigeantes. Le poison religieux les infecte moins, certainement ; l’on trouve parmi elles plus d’une femme à laquelle la pauvreté n’a point enlevé tout sentiment d’indépendance, qui méprise le prêtre, et qui rougirait de faire de ses fils les visqueuses éponges à bénitiers que deviennent les fils de la bourgeoisie. Mais il arrive plus souvent que la pesanteur de l’atmosphère dans laquelle elles vivent déprime leur naturelle fierté, et que leurs aspirations vont se briser les ailes contre les barreaux de cette cage qu’on appelle un intérieur. Leurs idées s’emprisonnent, avec les objets qu’il faut soustraire aux larcins possibles, dans les buffets et dans les placards dont les clefs sont jalousement gardées ; leurs rêves glissent sur le carreau des cuisines, se dessèchent au souffle des fourneaux. Le problème de l’existence quotidienne les torture ; il faut trouver des solutions à ses questions in-