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qui marqueront l’avénement des temps nouveaux n’auront point un caractère bestial ; il ne peut pas, hélas ! en être autrement. Ce seront des luttes barbares, les dernières peut-être ; mais ce seront des luttes rationnelles. Les peuples seront enfin forcés, de comprendre, pour la première fois, pourquoi ils font la guerre ; et, le comprenant, comprendront sans doute qu’il ne faut plus qu’ils se fassent la guerre.

Une guerre, donc, doit aujourd’hui avoir un but, un but bien défini ; si elle n’en a pas lorsqu’elle s’engage, elle doit forcément s’en découvrir un après les premiers combats. C’est une chose dont les Nationalistes se doutent, et dont ils ont peur. Ils voudraient conserver à la guerre extérieure, s’ils sont amenés à la faire, (ce dont ils prient leur Dieu de les préserver) son caractère de haine imbécile et creuse ; ils tiennent surtout à conserver à la guerre civile qu’ils rêvent d’entreprendre le caractère d’épouvantable sauvagerie, de barbarie aveugle, qu’ils lui ont toujours donné. Ils font tous leurs efforts pour acclimater dans le peuple des instincts de cruauté dont une nation qui a quelque respect d’elle-même devrait avoir honte. Ils introduisent en France, avec approbation de la canaille cléricale dont ils sont les laquais, les abjectes courses de taureaux qui, de concert avec la suprématie du prêtre, ont conduit la malheureuse Espagne à sa situation présente. Ils ont avec eux une grande partie de la population, la plus grande partie peut-être, tout ce qui traîne un sabre, tout ce qui brandit un goupillon, tout ce qui noircit du papier derrière les guichets administratifs, tout ce qui pèse à faux poids, tout ce qui boit le sang des pauvres. S’ils ne peuvent éviter la guerre dont l’idée seule les fait trembler de peur, ils veulent que l’armée française parte à la frontière, telle une armée de mercenaires abrutis, sans une idée à la pointe de ses sabres, avec des baïonnettes trempées dans l’eau bénite ; ils veulent que cette armée-là, afin de sauver Rome et la France (la France de Rome) au nom du Sacré-Cœur, donne au monde le hideux spectacle dont elle le gratifia en 1870 : les valets galonnés