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primera. Car l’armée démocratisée, l’armée vraiment nationale, ne saurait tolérer de telles ordures.

Quant à la guerre extérieure, dès que l’ordre de mobilisation sera donné, il deviendra évident que l’armée est la nation. Je crois inutile d’exposer ici comment cette évidence se manifestera, peu après, plus clairement encore. Je ne dis pas que la guerre sera la défaite ; Déroulède, la sale vache, ne veut pas qu’on le dise ; et je ne le pense pas. La guerre sera la défaite, certainement, si sa direction demeure confiée aux hautes compétences qui se sont manifestées ces temps derniers ; mais je crois que le règne de ces malfaiteurs ne se prolongera pas au delà des premiers jours de la lutte, c’est-à-dire au delà du désastre initial et du commencement de l’invasion. Ce sont là, tout le monde le sait, des éventualités avec lesquelles il faut absolument compter. Quand le peuple verra que c’est 1870 qui recommence, il s’arrangera de façon, comme on dit, à arrêter les frais. Il se rappellera que l’on n’est jamais bien servi que par soi-même, qu’il n’y a pas de vengeur par delà les étoiles, et que les occasions perdues ne se retrouvent pas. On pourra dire que le peuple ne sera pas capable de tirer parti de la situation. C’est possible, car tout est possible, mais c’est loin d’être certain. Au point de vue strictement militaire, par exemple, on sait que l’armée française comprend un bon nombre d’officiers capables, intelligents et retenus généralement, de parti-pris, dans des situations inférieures ; ils prendront la place des dégoûtantes nullités qui se seront effondrées dans le mépris et l’exécration publique. C’est une erreur de croire que les connaissances d’un général sont de beaucoup supérieures à celles d’un capitaine. Comme toute autre science, la science militaire n’est une science que jusqu’à un certain point. Ce point dépassé, l’art commence. Et c’est seulement sur le champ de bataille qu’un général peut se révéler un artiste, comme Frédéric, ou un virtuose, comme Napoléon.

Voici deux choses qu’il faut avoir le courage de reconnaître : la France est une nation outrageusement volée de