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Mais, il faut qu’on le sache bien, le jour où la France serait obligée de se lever…..

— Il s’est produit, s’écrie-t-il, des sectes qui ont nié la patrie ; et de nos jours, sous nos yeux, quelques adeptes de ces folies maladives balbutient parfois je ne sais quelle malsaine négation ; mais la conscience nationale les réprouve ; et leur âme noire est obligée de rougir de ses blasphèmes… Non ! on ne renie pas la patrie. Ce serait renier son père et son berceau !

Je me sens de plus en plus mal ; ma faiblesse augmente de moment en moment.

— L’homme que nous honorons aujourd’hui nous offre l’exemple du patriotisme le plus pur et le plus désintéressé. C’était un héros. C’était, dans toute la force du terme, un caractère. C’était une âme droite, une âme d’acier, forgée dans les temps antiques sur l’enclume du devoir, messieurs !…..

Cette dernière phrase est saluée par des acclamations enthousiastes. Ah ! cela ne finira donc pas… Courbassol continue, de sa voix qui bourdonne :

— Ce qui a distingué le général Maubart, c’est son respect du gouvernement établi ; du régime que le pays s’est librement donné. Et qu’on ne vienne pas nous dire que la piété et les sentiments démocratiques sont inconciliables. Le héros de Nourhas a su allier une dévotion exemplaire à la fidélité la plus étroite aux institutions républicaines !….

Des applaudissements éclatent et retentissent douloureusement dans ma tête ; c’est comme s’ils ne devaient jamais cesser. Le bruit change, change, se transforme en une clameur de plus en plus distante. Et j’ai une vision, tout d’un coup : un champ de bataille, immense, couvert de blessés qui râlent, de morts ; c’est la nuit. Et l’aube verdit ; rougeoie ; et des tambours battent ; et des tocsins sonnent à des beffrois ; et les blessés se lèvent ; et les