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XXI


C’est chez moi qu’Estelle m’a donné rendez-vous. Comme je vais quitter le bureau, vers quatre heures, sous un prétexte, le capitaine de Bellevigne entre et vient m’annoncer tout bas qu’il a une importante communication à me faire. Nous sortons ensemble ; et sitôt dehors, il m’apprend…

Il m’apprend une chose inouïe, extraordinaire, monstrueuse, absolument incroyable. Les époux Raubvogel viennent d’être mis en état d’arrestation. Ils sont sous les verrous, accusés d’espionnage. Le capitaine de Rouy et son compagnon (ces deux officiers qui étaient partis récemment, sur un yacht, pour examiner le littoral germanique) ont été arrêtés à Danzig ; et l’on prétend qu’ils ont été capturés sur des indications fournies par Raubvogel. De simples présomptions ! Non ; presque une certitude. C’est Gédéon Schurke qui a dénoncé les Raubvogel et il ne reste plus qu’à contrôler ses déclarations, qui sont des plus vraisemblables. Jusqu’à présent, on garde le secret sur l’affaire.

Quel scandale ! D’abord, je suis saisi d’étonnement, comme pétrifié. Certes, je n’ai jamais cru à la sincérité des démonstrations patriotiques du cousin ; je pensais qu’il s’y livrait parce qu’elles lui étaient utiles, commer-