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XIX


En quelques jours le peuple est arrivé à considérer le massacre de Courmies comme un événement normal, tout au plus comme un inévitable accident. Le ministre, responsable de la tuerie, est généralement regardé comme un homme à poigne, c’est-à-dire en bon français (d’après 1870), comme un homme supérieur. Les énervés, les fuyards, les vaincus en un mot, aiment la poigne. Donc, le ministre est populaire en qualité d’homme à poigne. On prétend, en clignant de l’œil et en pinçant la narine, que c’est un cynique de premier ordre. Le fait est qu’il a roulé son tonneau (inodore). Ses ennemis l’accusent d’avoir commis plusieurs crimes, assassinats et empoisonnements. Le pauvre homme en est bien incapable. C’est, ainsi que tous les colosses français d’aujourd’hui, une espèce de mauvais roquet auquel un coup de pied d’homme — s’il restait un homme en France — renfoncerait pour toujours ses fausses dents au fond des boyaux. Non, ce prudhomme à tinette n’est pas un gaillard, et sa femme est la première à s’en rendre compte. Pourtant, il a réussi à débarrasser Paris de ce ridicule pantin, le général Boulanger. Voilà un jouet perdu pour la foule, et elle se demande à quoi passer son temps.

On lui donne le procès Plantain. L’honorable M. de