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— Rien, dit le Personnage, au bout d’un moment. Rien… Non, rien, reprend-t-il d’une voix sourde. Pourquoi ce couard a-t-il fui ? Il a cru que ces noceurs étaient des agents, sans doute, et qu’ils venaient l’arrêter. Ah ! Dieu de Dieu ! des hommes, ça ! Des représentants du peuple ! Allons…

Le Personnage se dirige vers le restaurant, monte l’escalier. Je le suis. Nous pénétrons dans le petit salon. Mon père, au bruit des pas, s’est précipité.

— Eh ! bien ? Eh ! bien ?…

Un silence complet s’est fait subitement dans la grande salle, et il me semble entrevoir, derrière les portières, quelques silhouettes aux aguets. Le Personnage explique, en peu de mots, ce qui s’est passé. Mon père balbutie :

— Mais… mais… mais… mais…

— Foutu, quoi ! conclut le Personnage avec un geste désespéré. Ce ridicule poltron nous a fichus dans le lac, mon vieux. C’est foutu.

Mon père, tout pâle, recule jusqu’au mur, s’y appuie. Une pendule, très distinctement, sonne deux heures.