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parce qu’il tient Paris, quoi qu’on en dise. Ce Paris est réellement absurde ; c’est une éternelle dupe, qui passe d’un extrême à l’autre, ainsi que toutes les dupes. Il a été Cosmopolite enragé ; le voilà Nationaliste féroce. (J’invente le mot ; il fera fortune.) Vous savez quelles sympathies il avait témoignées aux peuples opprimés, à la Pologne, à l’Italie, à l’Irlande ; pendant la Commune, c’est-à-dire dès qu’ils trouvent une occasion propice, les Polonais comme Dombrowski et les Italiens comme La Cecilia brûlent les monuments de Paris ; et les Irlandais, comme Mac-Mahon, en fusillent les habitants. Voilà pourquoi ils veulent se livrer aujourd’hui à un César indigène. C’est un grand malheur, voyez-vous, que Wellington ait empêché Blücher de détruire Paris lors de la chute du premier Empire. La France ne serait point ce qu’elle est ; une nation dont toutes les forces, et la puissance militaire elle-même, sont organisées pour la misérable routine administrative et non pour la vie active et large ; une nation qui ne témoigne de son existence que par des soubresauts grotesques. La France demande un sabre ! Ce n’est pas d’un sabre qu’elle a besoin : c’est d’un forceps ; elle est pleine d’intelligences qu’elle hait imbécilement et auxquelles elle refuse de donner le jour… Pour le moment, je crois que le gouvernement roulera au fond du fossé, un de ces matins ; que le Boulangisme n’aura pas la force de l’enfoncer dans la vase ; et que le Parlementarisme se relèvera pour un temps.

Et voilà que, à la fin de novembre, la première partie de la prophétie de M. Issacar s’accomplit. Les scandales viennent de monter aussi haut qu’il l’avait prédit. Le Président de la République vient d’être sommé de donner sa démission. Peut-être demain la France se soulèvera-t-elle ; peut-être l’armée sera-t-elle appelée à maintenir l’ordre. On prend, à la hâte, des précautions. Les commandants de Corps d’armée, qui se trouvaient tous à