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aviez écouté les discours des énergumènes qui prêchaient le vol, le massacre et la destruction ?

LA PÉTROLEUSE.

Non. Je n’ai jamais entendu parler aucun de ces gens-là. Ah ! si ; j’en ai entendu un tout de même, rue Haxo. Il disait qu’il ne fallait ni voler ni détruire, et il se débattait comme un damné pour qu’on ne fusille pas les otages. C’était Varlin qu’il s’appelait. (L’abbé tressaille.) Non, j’ai jamais donné dans la politique. C’est bon pour les vieux, la politique. Mais nous autres, les jeunes, c’est autre chose qu’on a dans la peau. On en a assez, voilà tout.

L’ABBÉ.

Assez de quoi ?

LA PÉTROLEUSE.

J’ sais pas. Assez de tout.

L’ABBÉ.

Oui, la haine aveugle ; toutes les mauvaises passions déchaînées ; les jalousies couvées depuis l’enfance, les rancunes qu’on rêve d’assouvir, l’envie du bien-être possédé par d’autres…

LA PÉTROLEUSE.

Pt’être bien. J’ sais pas.

L’ABBÉ.

Malheureuse ! Vous ne savez pas !

LA PÉTROLEUSE.

Non, que j’ vous dis ! J’ sais pas ! j’ sais pas ! j’ sais pas !