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diriger vers un groupe d’officiers auxquels il parle à voix basse. Les officiers prennent quelques soldats et s’avancent sur l’homme. Je croyais qu’il allait se sauver. Pas du tout. Ces gredins-là ont un toupet !… Les soldats l’entourent, lui mettent la main au collet, et un officier lui demande : « Est-il vrai que vous vous nommez Varlin ? — Oui, répond-il : je suis Varlin, membre de la Commune. » Hein ! Elle est forte ! C’était Varlin !

L’ABBÉ.

Varlin ? Celui dont je parlais tout à l’heure ? Un modéré, n’est-ce pas ? Opposé aux actes de violence, hostile aux mesures de rigueur…

MONSIEUR BONHOMME.

Oui, un modéré. Celui qui a failli se faire fusiller par les communards en essayant de sauver les otages, rue Haxo. C’était un modéré, je ne dis pas ; mais une rude canaille tout de même. D’ailleurs, attendez la fin.

L’ABBÉ.

Et c’est un prêtre qui l’a dénoncé ! Un prêtre !… Mais vous devez vous tromper, monsieur Bonhomme…

MONSIEUR BONHOMME.

Puisque ça s’est passé sous mes yeux, monsieur le curé ! Mais laissez-moi finir… Alors, les soldats ont pris mon Varlin et on l’a emmené… savez-vous où ? À Montmartre, rue des Rosiers, pour le fusiller à la place même où ont été assassinés les généraux Lecomte et Clément Thomas. Je l’ai suivi tout le long du chemin : vous pensez si la foule grossissait, en route. Des gens passaient entre les soldats pour le