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Ça, c’est exagéré, cousin. Il vaudrait beaucoup mieux dire que tout le monde n’y va pas.

« Quel malheur que tu n’aies pas pu sortir de là ! Quelle tache sur ton existence ! Tu n’as pour ainsi dire plus de famille, maintenant… »


Et il entre dans de longs détails pour finir par me déclarer qu’à Paris, toutes les personnes que je connais me tourneront le dos…

Ça me permettra de leur flanquer plus facilement mon pied quelque part, si elles ne sont pas polies.

« Et qu’il faudra que j’aie un fier toupet pour oser me montrer dans les rues. »

J’aurai ce toupet-là, cousin ― et je ne mettrai pas de masque.

Allons, une feuille de papier, une plume, et vite, vite, une réponse à l’aimable parent. Il pourrait, malgré tout, avoir conservé des illusions sur mon compte, et je ne veux point lui en laisser. Ce serait abuser de sa candeur. Et puis, ça me fera du bien, d’écrire un peu ce que je pense. C’est capable de me remonter.


« On t’a dit vrai, cousin, on t’a dit vrai. Je t’avais monté un bateau. Je t’avais tiré une carotte… Je suis aux Compagnies de Discipline depuis bientôt trois ans. J’y ai été et j’y suis encore, physiquement et moralement, aussi malheureux qu’il est possible de l’être. On m’y a envoyé, t’a-t-on dit, d’abord pour mauvaise conduite, ― une expression assez élastique, entre parenthèses ― ce qui est à moitié faux ; ensuite pour indiscipline, ce qui est entièrement vrai.

« J’ai bu un coup par-ci par là, c’est exact ; j’ai fait la noce quelquefois, je l’avoue. C’est tout.

« Si j’étais un mauvais sujet invétéré, j’en ferais