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XXXIV


Je suis revenu à Aïn-Halib, profondément écœuré, indigné.

Ah ! je ne m’étais jamais fait d’illusions sur l’ignominie du système militaire ; mais c’est égal, il est des choses qu’on ne peut croire que lorsqu’on les a vues ; et j’en vois de drôles, depuis quelque temps.

La sonde que j’ai laissée tomber dans la fange soldatesque n’a pas pu trouver le fond ; quel bourbier de vilenies, quelle sentine de bassesses ! Je sens que le mépris m’empoigne et que le dégoût me monte au cœur. C’est curieux, cela : le militarisme arrive à concilier dans mon esprit ces choses inconciliables d’ordinaire : la haine et le mépris, le dégoût et la crainte.

Oui, la crainte. Une crainte particulière, par exemple. Celle probablement que peut faire éprouver l’appréhension du contact de l’ignoble chauve-souris ou du crapaud visqueux. Je n’avais pas ressenti cela, jusqu’à présent. Il est vrai que je n’avais guère eu connaissance que de la partie brutale du système, et que la partie plus particulièrement jésuitique était