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rables payables par le général E. et consorts, qui ne tardèrent pas à se voir rappelés en France.

« Choumka, lui, est toujours adjudicataire de toutes les fournitures ; mais, maintenant, c’est parce que, grâce à sa fortune, il n’a plus de concurrents à redouter ; il détient tous les moyens de transport. Il va par Karmouan en burnous de soie, avec montre, chaîne et breloques en or massif au gousset. Sa maison est superbement finie et les officiers de la garnison y sont ses très humbles locataires. ― Voilà ».


Acajou, riant d’un rire sardonique, donne la moralité :

— C’est un adroit filou qui en a roulé d’autres comme des chapeaux d’Auvergnats.

— Ah ! parbleu ! s’écrie Rabasse, on l’a dit et c’est rudement vrai : les armées permanentes sont une cause permanente de démoralisation. Tant qu’elles existeront…

— Oui, dit Queslier. Et elles existeront tant que la Révolution sociale ne les aura pas flanquées par terre. Ah ! ça ne serait pas malin, pourtant, vois-tu ; il y en a tant, de malheureux, qui ne demandent qu’à laisser là le pantalon rouge pour retourner chez eux ! Je suis sûr qu’avec un simple décret…

J’interviens.

— Laisse-moi faire une supposition, Queslier. Je suppose que la Révolution soit faite. On a décrété l’abolition des armées permanentes. Le décret est porté à la connaissance d’un colonel commandant un régiment dans une ville quelconque. Aussitôt, il fait réunir ses deux mille hommes et leur lit la décision en question. Les deux mille hommes sont disposés à