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Mouffe qui le couchait en joue, tire donc, si tu as du cœur !… Hein ! tu canes ! taffeur ! Ah ! ah ! ça serait plus vite fait qu’une horloge, va, de te faire un talus dans le dos, si tu me manquais !


Le capitaine Mafeugnat, informé de l’irritation des esprits, n’a pas cédé. De l’intérieur de sa maison où il se tient enfermé, deux revolvers chargés sans cesse à sa portée, il continue à prescrire les mesures les plus rigoureuses. Il vient d’envoyer au Dépôt, en prévention de conseil, pour vol de vivres, deux malheureux qui avaient ramassé, autour de la cuisine, une dizaine de pommes de terre avariées. Il a eu aussi une idée de génie : il a interdit l’usage du pas accéléré ; nous ne devons plus marcher qu’au pas gymnastique. Le pas gymnastique partout : à l’intérieur ou à l’extérieur du camp, au travail, en corvée ; il faut courir pour aller chercher sa gamelle, courir pour la rapporter, courir pour aller remplacer un camarade en faction, courir pour aller aux cabinets, courir pour porter du mortier aux maçons. Nous vivons les coudes collés au corps, les jarrets raidis, les cuisses successivement levées horizontalement. On nous prendrait pour des fous. Nous semblons des monomanes de la course. Nous avons l’air d’avoir le délire de l’allure rapide.

Et il ne faut pas s’amuser à jouer avec cette décision stupide. Les peines à appliquer aux délinquants sont arrêtées d’avance : quatre jours de prison au premier qui use du pas accéléré ; huit jours en cas de récidive ; quinze jours à la troisième fois.


C’est très joli, tout ça, évidemment. C’est même trop beau pour durer. Justement les chaouchs redou-