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laquelle serpente la route et que nous allons grimper tout à l’heure.

— Tiens, regarde donc là-haut ?

— Eh ! c’est le tombereau d’El-Ksob, dit Queslier, dont la vue perçante a reconnu l’attelage du génie. Et je parie que c’est l’Amiral qui le conduit… oui… oui… c’est bien lui. Il va au moins chercher quelque chose à Aïn-Halib.

— Ma foi, tant mieux ; il pourra nous donner quelques renseignements sur El-Ksob.

Et je m’avance sur la route. Le tombereau descend lentement la côte. Au-dessus des ridelles on voit s’élever quelque chose qui ressemble à une perche… Tiens, c’est un fusil avec la baïonnette enfoncée dans le fourreau, au bout.

— Ohé ! l’Amiral !

L’Amiral esquisse un geste vague, mais ne répond pas. Il est accompagné par un sergent dans lequel je reconnais cet infâme Craponi qui avait attaché Palet à la queue d’un mulet.

— C’est cette rosse de Craponi qui lui défend de nous répondre, murmure Queslier. Mais qu’est-ce qu’il a donc dans sa voiture ?


Le tombereau n’est plus qu’à vingt pas. Je m’avance au devant du premier mulet, que je saisis par la bride.

— Voulez-vous lâcher cet animal ! s’écrie Craponi. Et vous, marchez ! en avant ! je vous défends de vous arrêter, entendez-vous ?

Mais l’Amiral n’a pas l’air de comprendre que c’est à lui que le Corse s’adresse. Il a saisi le cordeau qu’il