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d’alfa font l’effet de petits bouquets verts. Tout d’un coup, après le passage d’un oued qui dégringole des montagnes de droite, la chaîne des collines s’écarte à gauche et laisse apercevoir une plaine immense piquée de broussailles et de grands arbres, et bornée tout là-bas, au diable, par des montagnes d’un bleu cru. La route tourne à droite et, au pied d’une éminence qu’elle gravit, s’élève un bouquet de gommiers.


— Ouf ! dit Queslier en laissant tomber son sac, voilà douze kilomètres de faits : la moitié de l’étape. Nous pouvons bien nous reposer un quart d’heure.

Hominard et moi nous mettons sac à terre et nous nous asseyons en attendant les camarades qui sont, maintenant, à plusieurs centaines de mètres en arrière.

— Dites donc ! s’écrie le caporal en approchant, si vous profitez de ce que je ne suis pas méchant pour vous moquer de moi, je vous ficherai dedans, vous savez.

— Qui est-ce qui se moque de vous, caporal ? demande Hominard. Est-ce pour moi que vous dites ça, par hasard ?

— Pour vous, pour Froissard et pour Queslier. Je ne veux pas que vous marchiez en avant, comme vous venez de le faire. Nous n’aurions qu’à rencontrer un officier, sur la route… Je ne suis pas méchant, mais je n’aime pas qu’on ait l’air d’en avoir deux…

Pour toute réponse, Hominard tire sa pipe de sa poche et la bourre tranquillement. Il se retourne pour me demander une allumette ; mais il reste le bras tendu, fixant les yeux sur la colline le long de