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de nos coiffures dont la nuance est cachée par nos couvre-nuques blancs.

Ils sont gris, mon général, comme leurs pantalons et leurs capotes.

— Pas possible ! Alors, ils ne sont pas rouges ?

— Non, mon général.


— Quelle naïveté ! dis-je à mon voisin de droite, cet imbécile de Lecreux.

— Ça échappe à tout le monde, ces choses-là, me répond-il tout bas. Ça ne l’empêche pas d’être très fort ― oui, très fort.

C’est possible. D’ailleurs, ça m’est égal. Mon enthousiasme n’a pas l’habitude de s’enflammer, pour éclater de tous les côtés, comme une chandelle romaine, à la moindre étincelle.

— Mettez sac à terre, vous, et installez rapidement.


Tiens, il est tout à côté de moi, le général, et c’est justement à Lecreux qu’il vient d’ordonner de placer, sur une serviette étendue par terre, le contenu de son sac. Il le regarde faire, tranquillement, les mains dans les poches, le képi en arrière, à la Jean-Jean. Je profite de l’occasion pour le dévisager à loisir.

Tout à coup, il se baisse et se relève en souriant, une brosse à graisse à la main.

— Pourriez-vous me dire, capitaine, pourquoi cette brosse n’est pas matriculée ?

Le capitaine bredouille. Les officiers font des nez longs comme ça. Les chaouchs tremblent comme des feuilles. Ils ont oublié de matriculer une brosse !

Le général s’aperçoit de l’embarras des galonnés. Il a l’air d’en jouir ; mais il ne veut pas se montrer féroce :