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XIX


Je suis sorti de prison hier soir, avec cinq ou six autres. Le capitaine a gracié les hommes auxquels il ne restait pas plus de quinze jours à faire. Cette clémence inusitée a une cause. Le général commandant la division doit venir, aujourd’hui, inspecter la 5e Compagnie de Discipline.

Toute la compagnie, en grande tenue, est alignée, depuis près d’une heure, sur le front de bandière. Le capitaine, à pied, se promène avec les officiers, d’un air préoccupé. De temps en temps il jette un coup d’œil sur les rangs et crie à un chaouch :

— Faites descendre le pantalon de cet homme-là… Remontez la plaque du ceinturon…… Le képi droit !… Sergents, veillez à ce qu’ils aient leurs képis bien droits… et faites-leur dérouler leurs couvre-nuques, à tous !…

Toutes les trois minutes, il s’arrête et regarde attentivement à droite, du côté de la route de Gabès. Il frappe du pied, il fronce le sourcil. Il semble impatient, anxieux.