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XVI


— C’est la première fois que vous prenez la garde ?

— Oui, sergent.

— Venez avec moi. Je vais vous expliquer la consigne ; et, quand vous serez de faction, si les prisonniers ne vous écoutent pas, vous n’aurez qu’à venir me le dire.

C’est la première fois, en effet, que je suis de garde à Aïn-Halib. Je suis descendu, à cinq heures du soir, avec une dizaine d’hommes en armes, pour garder pendant vingt-quatre heures les prisonniers parqués dans ce qu’on appelle « le ravin ». C’est, au bas du camp, un quadrilatère fermé par un mur en pierres sèches et en terre, entouré d’un fossé. Outre les tentes des prisonniers, il y a deux marabouts, l’un pour les hommes de garde, l’autre pour le chef de poste.

Le sergent qui nous commande aujourd’hui passe pour une des plus belles rosses de la compagnie ; c’est un Corse, face plate agrémentée d’un nez énorme, qui ne donnerait pas ses deux mauvais galons pour tout l’or du Pérou et qui se redresse, quand il est en fonc-