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aux cris rageurs de mes personnages, délayer leur fiel dans de l’eau sucrée, matelasser les murs du cachot où ils écorchent leurs poings crispés, idyliser leurs fureurs bestiales, servir enfin au public, au lieu d’un tord-boyau infâme, un mêlé-cassis très bourgeois, ― avec beaucoup de cassis.

J’aurais pu, aussi, parler d’un tas de choses dont je n’ai point parlé, ne pas dédaigner la partie descriptive, tirer sur le caoutchouc des sensations possibles, et ne point laisser de côté, comme je l’ai fait, ― volontairement, ― des sentiments nécessaires : la pitié, par exemple.

J’aurais pu, surtout, m’en tenir aux généralités, rester dans le vague, faire patte de velours, ― en laissant voir, adroitement, que je suis seul et unique en mon genre pour les pattes de velours, ― et me montrer enfin très digne, très auguste, très solennel, ― presque nuptial, ― très haut sur faux-col.

Aux personnes qui me donnaient ces conseils, j’avais tout d’abord envie de répondre, en employant, pour parler leur langue, des expressions qui me répugnent, que j’avais voulu faire de la psychologie, l’analyse d’un état d’âme, la dissection d’une conscience, le découpage d’un caractère.