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XII


Aïn-Halib est situé au milieu des montagnes, au bout d’une vallée longue et étroite, profondément ravinée par les lits d’oueds à sec, semée par-ci par-là de bouquets d’oliviers maigres, de figuiers étiques et de cactus poussiéreux.

À l’entrée de la vallée s’élève un village arabe aux maisons malpropres, construites avec des cailloux et de la boue, entourées de tas d’immondices d’une hauteur extravagante, sur lesquels jouent des mouchachous hideusement sales et complètement nus. De cette agglomération de cahutes dégoûtantes s’échappent des odeurs infectes, des relents repoussants. Les murs, qui tombent en ruine et sur lesquels courent des chiens hargneux qui aboient avec rage, suent la misère atroce, et, à travers l’entre-bâillement des portes devant lesquelles sont assis des sidis pouilleux, on aperçoit des grouillements d’êtres vêtus de loques, pataugeant, pêle-mêle avec les animaux, dans l’ordure excrémentielle. Tout, jusqu’au sol gris, poussiéreux, stérile, semé de cailloux ― traînée de