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— Eh ! là-bas, l’homme qui a une tête de voleur ― mais non, pas vous, vous avez une tête d’assassin ― est-ce que vous vous fichez du peuple, pour ne pas apporter un fagot un peu plus gros ? Je parie que vous travailliez plus dur que ça, à la Roquette ou à la Santé.

Quelques-uns se trouvent froissés, mais la plus grande partie passe là-dessus. Il est si bon zig qu’on peut bien lui pardonner ça, si ça l’amuse. D’ailleurs il a, aux yeux des anciens Camisards qui ont repris certaines habitudes forcément abandonnées, une qualité sans pareille ; il ferme les yeux sur un état de choses qui tend à établir, dans un coin du détachement, une Sodome en miniature. En qualité d’officier, il ferme les yeux, c’est vrai ; mais, comme blagueur, il tient à faire voir qu’on ne lui monte pas le coup facilement et qu’il s’aperçoit fort bien de ce qui se passe. Il donne des conseils aux « messieurs ».

— Vous savez, vous, vous qui avez l’habitude de faire des grimaces derrière le dos du petit, à côté de vous, j’ai quelque chose à vous dire. Si vous réussissez à… comment dirais-je ? à faire souche, enfin, nous partagerons.

— Quoi donc, mon lieutenant ?

— Le million et le sac de pommes de terre que la reine d’Angleterre…

Il se montre aussi très aimable vis-à-vis des « dames ».

— Ne vous fatiguez pas trop… une position intéressante… je comprends ça.

— Vous ne m’oublierez pas pour le baptême, hein ? Vous savez, je n’aime que les pralines…

Et, comme l’un des individus soupçonnés se débattait l’autre jour contre une avalanche de compliments