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V
INTRODUCTION.

des interprétations diverses. Encore faut-il avouer que, dans l’une et l’autre espèce, on n’atteint pas, pour tous les cas, un même degré de certitude : la critique ne répand pas une égale lumière sur tous les points de son vaste domaine ; il y a, comme dans le monde physique, les ténèbres épaisses, la clarté douteuse et la splendeur éblouissante.

Quand donc, en vertu de règles communément avouées, on s’applique à discerner les preuves d’authenticité et les preuves de supposition de quelque écrit, il arrive, ou bien qu’elles s’imposent à l’intelligence et à la bonne foi, de sorte qu’on ne peut les rejeter sans cesser d’être raisonnable et loyal ; ou bien qu’elles sollicitent l’adhésion avec plus ou moins de force, tellement qu’on peut les rejeter sans absurdité, mais non pas sans témérité.

Il était bon de rappeler ces principes dans une matière où il s’agit d’apprécier le silence et les témoignages des temps anciens, les négations et les affirmations quelquefois passionnées des partis, et nous voulons plutôt fournir au lecteur les éléments d’une solution, que proposer notre opinion d’une manière tranchante. Il nous semble donc téméraire de nier l’authenticité des œuvres de saint Denys, et nous croyons qu’on en conviendra, si l’on veut examiner les preuves, soit intrinsèques, soit extrinsèques, que nous rassemblons ici.


§ 1er.
Preuves intrinsèques.

Comment un livre peut-il attester lui-même qu’il est l’œuvre de tel auteur ? C’est sans doute par les choses qu’il renferme, par le caractère des doctrines, par la couleur générale du style, par la nature des faits consignés. Ensuite quand est-ce que cette attestation d’un livre doit être réputée valable ? Sans doute encore quand il ne présente aucune contradiction soit avec lui-même, soit avec