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LXXXII
INTRODUCTION.



ARTICLE DEUXIÈME.
Où l’on expose la Doctrine de saint Denys et l’influence qu’elle a exercée.

Quelle valeur possèdent, comme monuments, les livres de saint Denys, et peut-on les invoquer pour connaître et prouver la croyance des temps apostoliques ? C’est une question que nous avons essayé de résoudre dans les pages qu’on vient de lire.

Quoi qu’on en pense, et lors même qu’on s’obstinerait à les dépouiller de ce caractère de haute et vénérable antiquité que nous leur attribuons, il resterait encore à se demander si, comme corps de doctrines, ils ne tiennent pas un rang distingué parmi les œuvres théologiques et philosophiques que nous a léguées l’antiquité. C’est ce que nous voulons examiner maintenant.

Or la solution de cette seconde question est prévue par le lecteur, et ne peut être douteuse pour personne. On a vu quelle foule de grands noms escorte le nom de saint Denys, et quels génies lui ont décerné une sincère et glorieuse admiration ; je rappelle seulement ici le moyen âge, et dans le moyen âge saint Thomas, qui commenta le livre des Noms divins. Il est vrai que saint Denys fut atteint par la proscription de la Renaissance ; car ses doctrines, catholiques par le fond, orientales dans la forme, ne pouvaient plaire au paganisme prosaïque qui envahit alors la science et l’art : aussi le mépris de ceux-ci et l’oubli de ceux-là lui échurent. Dès lors, presque tous les historiens de la philosophie se sont abstenus de citer et d’analyser des livres que pourtant très-peu d’autres égalent, et qu’aucun autre assurément ne surpasse en sublimité. Aujourd’hui donc, ne peut-on espérer pour notre auteur une réhabilitation ? Son orthodoxie, sa piété et sa science, le