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LXXIII
INTRODUCTION.

l’innocence répand la candeur sur les lèvres. On croit volontiers au témoignage d’un savant qui soutient la vérité par ses écrits, la prêche toute sa vie, et meurt enfin pour elle. Or tels furent les défenseurs de notre sentiment, des saints, des hommes de prière, des martyrs. J’ai nommé les défenseurs de l’opinion opposée : leur biographie n’est pas toujours chose édifiante.

D’ailleurs la fraude est imputable à qui elle profite. À égalité de vertus, nous échapperions encore au soupçon d’imposture qui accablerait nos adversaires. Nous n’avons pas besoin des livres de saint Denys pour établir la doctrine catholique. Qu’on les suppose apocryphes, que même on les supprime totalement, notre symbole reste le même ; nos preuves sont également fortes ; l’Écriture et les monuments non contestés de la tradition suffisent pour terminer, sans appel possible, les difficultés soulevées par le protestantisme. Et effectivement nos controversistes ne se sont pas appuyés du nom de saint Denys, dans leur lutte avec la Réforme : on lui a toujours fait grâce de ce coup. Mais si, au contraire, les livres de saint Denys sont authentiques, alors la Réforme, qui a déjà beaucoup d’autres négations à soutenir et d’interprétations forcées à imaginer, se trouve menacée d’un surcroît de travail. Car, d’après notre auteur, la primitive Église croyait à la présence réelle ; elle regardait la tradition comme un moyen d’enseignement parallèle à l’Écriture ; elle encourageait le monachisme, etc. Saint Denys n’est nullement favorable à l’hérésie ; l’hérésie aurait-elle voulu le payer de réciprocité ? Au moins est-il certain qu’elle a nié des choses plus hautement incontestables que celle-ci, et attaqué des réputations plus universellement vénérées, et combattu des droits plus positivement constatés.

Mais les écrivains catholiques ne peuvent être suspects de partialité, du moins au même titre : alors pourquoi ont-ils fait sur ce point cause commune avec les protestants ? Je pourrais répondre d’abord que je n’ai point à l’expliquer. Ensuite il est permis, sans doute, d’avancer