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À L’ÉVÊQUE TITUS.

et si élevée au-dessus de toute sagesse, présentant une coupe mystérieuse et versant un breuvage sacré après avoir servi sa table de mets opulents et invité à grands cris et avec bonté ceux qui avaient besoin d’elle. Les convives trouvent donc chez elle un double aliment : la consistance de viandes solides et le charme d’un doux breuvage, et de sa coupe s’échappe le fleuve de ses paternels bienfaits. Le calice, par sa rondeur et son large évasement, est le symbole de la Providence qui embrasse indistinctement toutes les créatures dans sa sollicitude, et qui n’a ni commencement ni fin. Mais bien qu’elle s’étende à tout, elle demeure en elle-même, garde une identité permanente et se maintient dans une immobilité parfaite ; comme la coupe qui conserve invariablement la même forme. Quand on dit que la sagesse s’est bâti une maison où elle a préparé des mets, des breuvages et un calice, c’est pour faire entendre à ceux qui savent convenablement juger les choses divines que les soins providentiels viennent de cet artisan suprême qui donne aux créatures et l’être et le bonheur ; qui s’étend à tout, est présent à tout et embrasse tout. Tout en lui-même par l’excellence de sa nature, il n’est rien de ce qui est, en quelque sens que ce soit. Séparé du reste des êtres, éternellement le même et éternellement en lui, il est, il subsiste, il demeure dans une absolue et permanente identité, sans jamais sortir de lui-même, sans quitter jamais son trône ; son séjour, la stabilité de sa demeure. Dans cette immutabilité, il opère ses œuvres saintes et providentielles ; il s’étend à tout et demeure en lui-même ; il est en repos et en mouvement, et l’on pourrait dire que, naturellement et surnaturellement tout ensemble, il déploie l’activité de sa providence en sa sta-