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À L’ÉVÊQUE TITUS.

priétés, de son repos, de sa stabilité, de ses émanations éternelles, et enfin de sa puissance de séparer et d’unir, on donne à Dieu les formes multiples d’hommes, de bêtes sauvages et d’autres animaux, de plantes et de pierres ; on le revêt d’ornements de femme et de l’armure des barbares ; on lui attribue, comme à un vil artisan, l’art du potier et le creuset du fondeur ; on lui prépare des coursiers, des chars et des trônes ; on lui organise de somptueux banquets ; on dit qu’il boit, s’enivre et dort appesanti par le vin. Faut-il rappeler encore son courroux et ses tristesses, ses serments nombreux, ses regrets divers, ses malédictions, ses longs ressentiments ; et les promesses éludées par de tortueuses et sophistiques interprétations ; et la lutte contre les géants que la Genèse mentionne et où l’on voit que, dans sa crainte, le Seigneur prit des résolutions contre ces hommes puissants qui élevaient un grand édifice pour protéger, non pas leur brigandage, mais leur propre existence ; et cette assemblée convoquée dans les cieux pour tendre des embûches au roi Achab ; et les charnelles et amollissantes voluptés des Cantiques ; et en un mot toutes les fictions pareilles, à la fois hardies et respectueuses : symboles palpables de choses dérobées à nos yeux ; symboles multiples et divisés de choses simples et indivisibles ; symboles à formes et à figures diverses de choses qui n’ont ni forme ni figure ; tels enfin, que si l’on en peut contempler la beauté interne et cachée, on trouvera que tout y est mystérieux, divin et rempli d’une immense lumière théologique[1] ?

Car il ne faut pas imaginer que tous ces signes

  1. Script., passim.