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AU MOINE DÉMOPHILE.


au Saint-Esprit, ni dans sa conscience, ni dans sa conduite[1] ?

Je répondrai à ces objections sans détour ; car je ne hais pas Démophile, et je ne voudrais pas qu’il fût séduit par Satan. Les ordres qui environnent immédiatement la Divinité ont plus de conformité avec elle que ceux qui s’en éloignent ; et les choses plus proches de la vraie lumière sont aussi mieux éclairées et plus lumineuses. Mais vous comprenez qu’il ne s’agit pas ici d’une proximité locale, mais bien de l’aptitude avec laquelle les esprits se présentera à Dieu. Si donc le privilége d’illuminer est dévolu aux prêtres, l’ordre et le pouvoir sacerdotal n’appartiennent pas à celui qui ne peut conférer la lumière, bien moins encore à celui qui n’est pas illuminé. Je trouve donc grandement téméraire quiconque, en cet état, usurpe les fonctions sacrées et ne s’abstient pas, par crainte ou par pudeur, de toucher à des mystères dont il n’est pas digne, et pensant que Dieu ignore ce que sa propre conscience connaît, essaie d’abuser celui qu’il nomme hypocritement son père, et ose enfin, au nom du Christ, prononcer sur le pain et le vin mystiques ses impures malédictions ; car je ne nommerai jamais cela une prière. Non ! assurément non ! un tel homme n’est pas un prêtre, c’est un ennemi, un fourbe, qui se fait à lui-même illusion ; c’est un loup armé d’une peau de brebis contre le troupeau du Seigneur.

III. Mais ce n’est pas à Démophile de réprimer ces désordres. Car, si la parole divine nous ordonne d’accomplir justement ce qui est juste (et la justice consiste à rendre à chacun selon son mérite), tous doivent assurément agir en ce sens, mais dans les limites

  1. Act., 19, 2.