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LETTRE VIII.


mal, et que la méchanceté même d’autrui ne fait pas sortir de leur bonté ; qui, au contraire, à l’exemple de la nature divine, rendent bons les mauvais, et déploient à leur égard une bonté immense, et leur inspirent doucement une utile émulation.

Mais élevons les yeux plus haut. Cessons de louer la mansuétude des saints personnages et la charité des anges nos protecteurs ; ne rappelons pas que les esprits célestes prennent en pitié les gentils et intercèdent pour eux auprès de l’éternelle bonté ; qu’ils répriment les efforts hostiles des puissances de ténèbres ; qu’ils s’affligent de la malice des pécheurs et se réjouissent du salut de ceux qui reviennent au bien[1] ; ne rappelons pas ce que la théologie nous enseigne touchant la bienfaisance des anges. Mais contemplons dans ses splendides rayonnements, et parmi le calme de nos âmes, le Seigneur Jésus si bon, si infiniment bon, et que cette divine lumière nous élève jusqu’aux œuvres de sa douce miséricorde. Car n’est-ce pas un trait d’ineffable et incompréhensible bonté qu’il féconde le néant, et qu’après avoir produit les êtres, il les appelle à la gloire de lui ressembler, et se communique à eux autant qu’ils en sont respectivement dignes ? Bien plus : il aime éperdument ceux qui le fuient, il les recherche avec ardeur ; il les conjure, eux ses bien-aimés, et qui abusent de sa longanimité, de ne pas le rejeter avec dédain ; il ne souffre pas qu’on les accuse ; il prend en main leur défense, et promet de travailler à leur salut ; il court avec empressement à la rencontre de ceux qui, encore éloignés, cependant s’avancent vers lui ; il les embrasse, corps et âme, avec effusion, s’abs-

  1. Script., passim.