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LETTRE HUITIÈME.

AU MOINE DÉMOPHILE.
COMMENT ON DOIT SE TENIR EN SON PROPRE EMPLOI ; ET DE LA MANSUÉTUDE.

Argument. — I. Les principaux serviteurs de Dieu, Abel, Job, Moïse, Joseph et David sont renommés pour leur douceur ; entre toutes les vertus dont le Christ donne l’exemple, brillent surtout la clémence et la mansuétude. C’est pourquoi Démophile est souverainement blâmable d’avoir maltraité un pénitent que le prêtre avait jugé digne d’absolution, et injurié ce prêtre lui-même. II. On prévient une objection de Démophile. III. On prouve qu’il ne convient pas que les inférieurs reprennent leurs supérieurs. IV. On enseigne que la subordination et l’ordre doivent être respectueusement gardés. V. On rappelle qu’il vaut mieux imiter la mansuétude du Seigneur que le zèle d’Élie, la douceur et la dureté ayant chacune leur récompense. VI. On appuie ces enseignements par une vision du saint personnage Carpus.

I. Nous lisons dans l’histoire du peuple hébreu, ô vaillant Démophile, que le saint personnage Moïse dut à sa grande mansuétude l’honneur qui lui fut accordé de voir Dieu. Si parfois on le représente comme déchu de la contemplation divine, il ne perdit ce don précieux qu’après avoir perdu sa douceur habituelle : ainsi est-il dit qu’il provoqua le courroux du Seigneur par son opiniâtre résistance aux divins commandements. Au contraire, quand on proclame les dignités glorieuses dont le ciel l’inves-