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À POLYCARPE.


en mémoire de ce soleil de trois jours. Mais permis à lui de n’en rien croire, à raison de son ignorance ou de son inexpérience. Demandez-lui toutefois ce qu’il pense de l’éclipse qui se remarqua lorsque le Sauveur était en croix. Tous deux nous nous trouvions à Héliopolis ; tous deux nous vîmes que la lune était venue inopinément se placer devant le soleil (car ce n’était pas l’époque de sa conjonction), et qu’ensuite, depuis la neuvième heure jusqu’au soir, elle revint miraculeusement en opposition directe avec le soleil. Faites-le encore souvenir de ceci : il sait que la lune entra en conjonction par le côté de l’orient et atteignit jusqu’au bord occidental du soleil, et qu’ensuite, au lieu d’avancer en droiture pour opérer sa sortie, elle rebroussa chemin et ne quitta que le dernier le point de l’astre qu’elle avait voilé le premier. Tels sont les prodiges qui s’accomplirent en ces temps-là : et on ne peut les attribuer qu’à la cause universelle, Jésus-Christ, qui produit une foule de grandes et admirables œuvres.

III. Trouvez occasion de dire toutes ces choses à Apollophane. Pour lui, s’il le peut, qu’il me convainque de fausseté, moi qui étais à côté de lui et avec lui quand j’aperçus, quand j’étudiai, quand j’admirai le phénomène. Même en ce moment, Apollophane fut saisi de je ne sais quel sens prophétique, et comme s’il eût conjecturé ce qui se passait : Ô mon ami, dit-il, il y a une révolution dans les choses divines ! Mais c’est bien assez pour une épître. Vous êtes très-capable de suppléer à ce que j’omets et d’amener à Dieu en toute perfection cet homme qui ne manque certes pas de philosophie, et qui peut-être jugera convenable d’apprendre humblement la véritable et sublime philosophie de notre religion.