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LETTRE CINQUIÈME.

À DOROTHÉE, DIACRE.


Argument. — De l’obscurité divine dont il est parlé au livre de la Théologie mystique.


L’obscurité divine n’est autre chose que cette inaccessible lumière dans laquelle il est dit que le Seigneur habite[1]. Bien qu’elle soit invisible, à raison de ses splendeurs éblouissantes, et inabordable, à cause de l’abondance de sa surnaturelle clarté, néanmoins quiconque a mérité de voir et de connaître Dieu, repose en elle, et par cela même qu’il ne voit ni ne connaît, il est véritablement en celui qui surpasse toute vue et toute connaissance ; il sait seulement que la divinité s’élève par delà le monde matériel et intelligible, et il répète avec le prophète : Vous pénétrez ce qui est en moi d’une manière admirable, et votre science est si élevée que je ne pourrai jamais l’atteindre[2]. Ainsi est-il écrit que le divin apôtre Paul connut la divinité, quand il dit qu’elle échappe à toute pensée et à toute science : c’est pourquoi il proclame que ses voies sont impénétrables et ses jugements incompréhensibles[3] ;

  1. I. Timot., 6, 16.
  2. Psalm., 138, 6.
  3. Rom., 11, 33.