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CHAPITRE XI.


liance où il n’y a ni séparation, ni intervalle, elles se maintiennent dans l’intégrité de leur propre espèce, et ne sont point dénaturées par le mélange des contraires ; et que rien ne trouble ni leur concert unanime, ni la pureté de leur essence particulière. Il faut donc contempler cette pacifique harmonie dans la simplicité parfaite de son principe, qui les unit à lui d’abord, puis avec elles-mêmes, enfin toutes ensemble, et qui les étreignant dans sa force, et les protégeant dans sa sagesse, les ordonne sans les confondre. C’est par lui que les esprits célestes se trouvent unis à leur propre entendement et aux objets de leur connaissance, et de là se plongent éperdument dans les incompréhensibles secrets. C’est par lui que les âmes raisonnables, rassemblant leurs raisonnements multiples qu’elles réduisent à l’unité d’un concept pur, et dégageant la vérité de tout ce qui est matériel et divisible, s’élèvent, en suivant cette route tracée pour leurs forces, jusqu’à cette union que la pensée ne saurait atteindre. Par lui encore, l’univers subsiste inaltérable dans le merveilleux ensemble de ses parties, et toutes choses, liées par des rapports harmonieux, forment un concert parfait, de sorte qu’elles sont rapprochées sans confusion et maintenues sans séparation. Car de cette sublime et universelle cause la paix descend sur toutes les créatures, leur est présente, et les pénètre en gardant la simplicité et la pureté de sa force ; elle les ordonne, elle rapproche les extrêmes à l’aide des milieux, et les unit ainsi, comme par les liens d’une naturelle concorde ; elle daigne appeler à sa participation les plus viles substances de l’univers ; elle fait que toutes choses conspirent à une sorte de fraternel accord par leur unité individuelle et leur